L’histoire de ‘Numéralogique’ commence en 1975.
Lors de sessions d’enregistrement improvisées par Luc Marianni, 2 compositions de 50mn voient le jour dans l’obscurité la plus totale. 35 ans plus tard réapparaissent ces bandes analogiques.
Numérisées puis nettoyées en 2011, elles vont servir de base au nouveau projet.
Redessinées en 4 compositions, sans en altérer l’esprit, il en ressortira au final, en 2013, 4 plages de 20 minutes couchées sur un double album vinyle.
Boucles, fonds sonores, ambiances, synthétiseurs anciens et modernes, orchestres, archives : une suite d’évènements ‘numéralogiques’ combinés. Un travail de (re)composition minutieux et atypique aussi bien dans la forme que dans le fond, entre électronique, ambiant, rock soft, et bande sonore d'un film imaginaire.
1h 20 mn d’architecture sonore aux confins de l’analogique et du numérique, Luc Marianni et Jacques Jeangérard ne se sont fixé ni règles ni loi sinon celles de l’harmonie et du rythme intérieur de l’instant présent.
Une nouvelle projection continue dans un cadre ancien...
Eric Delaunay à propos de Numéralogique
The looped loop
Déjà, tout petit, Luc Marianni était encore très jeune.
La vingtaine venue, il se mit à vénérer une matière pourtant fort dangereuse, le vinyle, qu’il
consomme par les oreilles. Il décide alors d’y sculpter ses propres sons !
Muni d’une Stratocaster blanche, d’un AKS, d’un sequenzer, d’une chambre d’écho et d’un Teac, il
expérimente des atmosphères soniques dans son antre étrange, parmi les volutes de fumée et les
« Shazam ! » rose pâle. Le magnétophone tourne, les bandes sont stockées, puis oubliées. Près de
quatre décennies passent.
Entretemps, à l’aube des eighties, notre héros a accouché de son first elpee : « Souvenirs du Futur »,
objet à écouter d’obédience quasi inconnue, et annonciateur d’ambient. De délicats sons électroorganiques
y vibrent tranquillement.
Annette & galets, années et galettes se succèdent. Quatre ans plus tard, surgit du néant black
de black un double trente-trois ; 66 ! la bête n’est pas loin ! « Video Screen Control » Volume I
est son nom. Samples télévisuels multiscopés, rythmbox, voix homme- femme et instruments
s’intercueutent. Nze, créateur de quelques pochettes du Maître, d’une impudence rare, ose alors
surnommer notre ambitieux auteur d’« Un cri animal », pourtant parfait anagramme. La malice
s’invite dans l’aventure.
Les sessions des origines sont miraculeusement redécouvertes, numérisées, divisées, cubasifiées
et retravaillées, sous les digidoigts de Jake. Djeik, the Bossman ! 7 ici qu’1tervient en effet le
deuxième protagoniste de ces caressantes vibrations. Il s’immerge dans l’univers de luxe de Lux, et
improvise sur des plages bouclées, bordées de palmiers imaginaires, surplombant vagues ralenties
et accélérées. Des tourbillons de distortion décibèlique remodèlent l’espace du matériau antique.
Les anciens synthétiseurs sont désormais nus, mais risés. Les softs prolifèrent et les machines
s’amolissent. Des suites de zéros et de uns envahissent la steppe. Nos deux comparses actionnent
les keyboards virtuels. Il y a là oeuvre duale.
« Vidéo Screen Control » Volume II voit le jour. Il aurait tout aussi bien pu s’intituler « Perspectives
du Passé », eu égard à l’originalité rétrotemporelle du projet. Ou comment le précurseur postcurse,
à l’image de la cauda des secondes faces des VSC I & II, qui reprennent l’introduction des premières.
La boucle est bouclée (eélcuob tse elcuob al).
Nze 16. 10. 2013